Pleure Aicha ,
tes chroniques égarées.
PLEURE , AICHA...que j'évoque aujourd hui,c'est de toi Aicha,journaliste au quotidien l'Opinion,Aicha Mekki ...morte à l âge de 40 ans , un jour ou une nuit qui ressemblait à tous les jours ou à toutes les nuits...
...TES CHRONIQUES ÉGARÉES ... ce sont tes nombreux écrits , Aicha,sur la misère humaine , marocaine de surcroît , les malheurs et l injustice, envers les plus marginalisés, les mal-aimés, les démunis, les exclus de notre société, les damnés de la terre en somme...
C'est bien loin cette époque Aicha , trop loin même. C'était dans les années 80 et 90. Facebook, blogs , youtube, et toute cette panoplie , toute cette nouvelle technologie de proximité et tous ces moyens de proximité sociale et autres n existaient pas encore. Tu as inventé par tes écrits douloureux et désolants sur la misère humaine .Facebook, blogs, youtube et autres
ces réseaux sociaux en ce temps et sans le savoir.
Vous avez oublié Aicha Mekki!!! Non jamais ... Ou peut-être ne l'avez-vous jamais connue!!! ,ô que Si... Ou peut- être n'avez -vous-même jamais entendu parler d elle!!!... J'en parle souvent , je lui rends hommage par ce bout de papier....
Je finirai par obtenir ce désir , mon désir... que ton Nom AICHA MEKKI soit inscrit sur le devant d'une salle dans une école de journalisme ou sur un couloir de ces grands et vacants couloirs où tu as exercé , trimé, peiné et travaillé le plus grand temps de ton vivant et jusqu'a ta mort.
J'ai relevé une phrase très poignante ,dite par Michel Jobert , en hommage à toi Aicha '' les journalistes devraient être la mémoire de leur peuple, et le sont ,le plus souvent'', une phrase tout a fait simple et exacte ,mais le sont-ils!!!
Aicha Makki de l'Opinon ,Leila Beyassine ,de Femme du Maroc ,Amina Harakat de la MAP ,Hassaniya Laamiri de l ex RTM et autres et autres....
Témoins de votre époque, les oubliées de cette époque...
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ACTUS & CULTURE
"Amour Nomade" de Youssouf Amine Elalamy «La meilleure façon de tuer un amour est de le fixer ou de le figer»
"Amour Nomade" est le dernier roman de l’écrivain marocain Youssouf Amine Elalamy, édité chez La Croisée des Chemins et présenté au Virgin Mégastore de Rabat. L'auteur de "Oussama mon amour", de" Les clandestins", d’ " Un Marocain à New York" nous fait vivre une histoire d'amour hors temps entre Tachfine et Liasmine. Une magnifique histoire qui revit sous la plume talentueuse de Youssouf Amine Elalamy. Entretien.
Propos recueillis par Khira Arab
Quel a été le déclic à l’origine de votre roman "Amour nomade" ?
Cette histoire est née après la lecture d’un excellent essai sur les Touaregs. Dans leur culture, leur mode de vie et l’environnement dans lequel ils évoluent, il y avait là matière à raconter une belle histoire d’amour et d’initiation à la vie. Plutôt que d’en faire un roman purement réaliste, j’ai opté pour un style où le mythe et le réel font bon ménage. Je me souviens que dans un entretien accordé à un journal américain, l’homme de théâtre Peter Brook avait fait la confidence que voici : « Dans tout ce que je fais, disait-il, j’essaie de combiner la proximité du quotidien et la distance du mythe. Parce que sans la proximité, on ne peut émouvoir et, sans la distance, on ne peut étonner ». La formule de Brook me semble parfaitement décrire ce que j’ai essayé de faire dans ce roman.
Pourquoi avoir appelé votre roman "Amour nomade"? Et parlez-nous de tout ce que contiennent à vos yeux ces deux seuls mots : Amour-nomade ?
Au-delà de cette histoire d’amour, je crois que le nomadisme traverse le roman d’un bout à l’autre, y compris dans la deuxième partie lorsque l’on quitte les grands espaces désertiques et que l’on voit le récit basculer dans une sorte de huis clos. Même cloîtrée dans cette maison, la main de Tachfine, celle qui écrit et parcourt la feuille, reste nomade. Tachfine poursuit son nomadisme à travers l’écriture avec pour seule et unique monture un calame taillé dans un roseau. Vous aurez remarqué qu’il lui donne à boire de temps en temps pour qu’il le mène là où il veut aller. Et même lorsqu’il cède « sa bête » à Liasmine, il continue à voyager grâce au foulard que celle-ci a bien voulu lui céder à son tour. Vous savez, quand on est nomade, c’est pour la vie. A présent, qu’en est-il du titre : « Amour nomade » ? A première vue, il y a là une contradiction entre les termes « amour » et « nomade », mais à première vue seulement. La meilleure façon de tuer un amour est de le fixer ou de le figer. Pour exister, se développer et se maintenir dans le temps, la relation amoureuse a besoin de se renouveler, d’être ici et ailleurs à la fois, en un mot, elle a besoin d’être en perpétuel devenir.
Présentez-nous ces personnages merveilleux qui nous viennent d'un autre temps et qui sont Tachfine, Liasmine, Moulay, ce vieillard qui ne meurt jamais, et puis cet arbre légendaire aux couleurs et fruits kaléidoscopiques?
Ce roman s’inspire en effet du «Réalisme magique» dont le chef de file n’est autre que l’immense écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez. Il ne faudra donc pas s’étonner de voir que dans «Amour nomade», l’arbre planté au milieu du patio est un personnage à part entière avec une histoire, des humeurs, des caprices même. Il change de couleur à la vue d’un étranger et ne donne jamais les mêmes fruits. Maintenant, pourquoi avoir mis toute cette magie dans un seul arbre ? Parce que je reste persuadé qu’un arbre est en soi quelque chose de magique. Il peut être lourd, très lourd, et tellement agile lorsqu’il s’agit de danser sur la musique du vent. Vous pouvez toucher son écorce et caresser un visage ridé, lever les yeux sur lui et voir une chevelure en fleurs. Nomade et fils de nomade, Tachfine est l’individu par excellence, celui qui se détache des siens et tourne le dos à son passé pour se construire et renaître autre. Condamnée à vivre cloîtrée dans la maison qui l’a vue naître, Liasmine est une jeune femme d’une grande beauté qui découvre le monde, pour la première fois, dans les yeux de celui qui l’a rapporté pour elle. Enfin, Moulay est un vieil homme que la mort semble avoir complètement oublié et qui attend que quelqu’un veuille bien lui inventer une fin pour qu’il puisse enfin se reposer.
Il y a de très beaux passages dans votre roman, mais les plus beaux sont, à mon avis, ceux qui traitent du calame et de l'écriture.
La scène dans laquelle Issa Maarouf initie son jeune fils à l’écriture me semble en effet capitale pour la suite du récit. Elle est essentielle pour la compréhension de l’intrigue, du personnage de Tachfine et de sa relation future avec Liasmine. Tachfine est animé par le désir de garder une trace écrite de cette femme, de son immense beauté et de cette rencontre amoureuse qui le brûle encore. Paradoxalement, il lui faut effacer toute trace de cet amour interdit qu’il ne saurait ni ne pourrait revendiquer. Pour rendre ces traces invisibles aux yeux des autres, il trouve un subterfuge qui consiste à tremper son calame dans de l’eau plutôt que dans de l’encre. En usant de la transparence de l’eau, Tachfine a trouvé le parfait refuge pour qui veut garder le secret, pour qui veut écrire sans être démasqué. Au-delà du simple instrument d’écriture coupé dans un roseau, le calame représente quant à lui les pulsions intimes de Tachfine, son imaginaire, son formidable potentiel créatif et amoureux. En s’appropriant le calame de Tachfine, Liasmine se saisit de l’instrument de la connaissance par excellence, ce savoir qui lui fait défaut et qui l’exclut d’emblée de la vie publique. Elle revendique ainsi le droit au savoir jusqu’au plus profond de son être. Je vois aussi dans ce geste, le désir de castrer l’institution patriarcale. Pour la petite histoire, le terme calame, emprunté au latin calamus, désigne dans la langue arabe à la fois le phallus et le roseau dont on se sert pour écrire. Comme vous l’aurez remarqué, l’un et l’autre sont liés aux mécanismes de la création.
Où avez-vous écrit ce roman ? Et est-ce au clavier ou au calame?
Lorsqu’il s’agit d’écrire, je suis à la fois très prévisible et très discipliné. J’écris toujours chez moi, dans mon bureau, face au même mur et assis sur la même chaise. Paradoxalement, pour explorer de nouveaux horizons, j’ai besoin d’être fixé quelque part avec tous mes repères et toutes mes petites habitudes. Comme pour mes livres précédents, ce roman je l’ai écrit sur un clavier en imaginant que je tenais un calame dans la main.
De nombreux passages du roman se passent à la tombée de la nuit, des moments forts pour vous?
Il faut tout de même rappeler que la première partie de l’histoire se passe sous une lumière accablante, un soleil capable de décimer des populations entières de nomades. Quand je construisais le roman, il me paraissait très important que les deux univers, celui du désert avec ses grands espaces et l’univers clos de la maison, restent bien distincts pour matérialiser le chemin parcouru par Tachfine, tant au niveau de l’espace que sur le plan personnel. Le désert que l’on foule dans la première partie de l’histoire est en quelque sorte la feuille blanche, cette surface lumineuse que l’on déroule pour écrire. La deuxième partie, faite avec beaucoup moins de lumière, correspond à l’écriture proprement dite, à toutes ces ombres que l’on projette sur la feuille. Par ailleurs, il m’a semblé que les scènes auxquelles vous faisiez allusion dans votre question seraient plus suggestives et donc plus fortes si elles étaient « sous éclairées ». Dans tous ces moments à caractère érotique, j’ai volontairement baissé la lumière pour laisser le lecteur faire le reste, c’est-à-dire imaginer les zones d’ombre. Cet éclairage minimaliste donne à ces scènes tout leur pouvoir émotionnel et toute leur charge érotique.
Pour qui et pourquoi avez-vous écrit ce roman?
Je pense que d’une certaine manière, on écrit toujours pour soi. Un écrivain, quel qu’il soit, est toujours le premier à lire et à relire son texte qu’il ne livre aux lecteurs que s’il en est vraiment satisfait. En ce qui me concerne, lorsque j’écris, je ne destine jamais mon récit à telle ou telle catégorie de lecteurs. J’écris en espérant que l’histoire, l’intrigue, les personnages puissent rencontrer un jour des lecteurs d’ici ou d’ailleurs. Après avoir publié «Les clandestins», un roman où la mer jouait un rôle central, j’ai eu envie de m’attaquer au désert et à la culture nomade pour réfléchir sur cette question de nomadisme qui, aujourd’hui plus que jamais, nous interpelle dans notre rapport au monde, aux êtres et aux choses.