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jeudi 7 mai 2015

La traite humaine au Maroc




La traite des Femmes et des Enfants au Maroc:
ces victimes invisibles!

La traite des personnes existe bel et bien au Maroc. Elle se manifeste sous différentes formes, notamment la prostitution, l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants, le travail forcé,l'esclavage, la servitude,la vente d'organes. Une étude sur cette nouvelle forme d'esclavage moderne réalisée par le ministère de la Justice et des Libertés en collaboration avec ONU-Femmes pour le Maghreb vient de rendre ses résultats.




Autant le dire,c'est une étude choc.Cette nouvelle étude exploratoire sur la traite des personnes ,en particulier les femmes et les enfants met en lumière une des pratiques les plus monstrueuse de l'histoire moderne de l'humanité. Connaitre,comprendre,combattre,réprimer et punir la traite humaine sont les principales missions de cette démarche. Les chiffres,les informations et les témoignages recueillis par l'équipe d'appui sur le terrain sont effarants.


Un point positif est toutefois à constater, la mise  en oeuvre de tout un arsenal juridique et institutionnel entrepris par l'Etat marocain pour lutter contre la traite humaine et la protection des victimes en particulier les femmes et les enfants. La criminalité transnationale organisée, les violences,l'enlèvement, la séquestration, la détention,l'exploitation sexuelle, le mariage forcé,la servitude,le travail forcé, les tortures corporelles, la vente d'enfants,le trafic d'organes et toutes autres formes de contraintes sont désormais punissables par le code pénal marocain.La traite des êtres humains fait partie de l'avant-projet du code pénal. Des articles incluants les personnes victimes d’exploitation sexuelle, les personnes victimes d’exploitation de la force de travail et du trafic d’organes. La situation particulière des victimes mineures de la traite a également fait l’objet d’un paragraphe spécifique.
L'implication réelle et effective de la société civile , des institutions publiques,des associations de défense des droits des femmes et des enfants,des organismes internationaux tendent à incriminer et éradiquer ce phénomène de criminalité transnationale organisée. "Le problème de la traite de personnes ne peut être résolu par un seul organisme, qu'il soit public, privé ou non gouvernemental. On ne parviendra à une solution efficace et durable à cet enjeu que si l'on adopte une approche dans le cadre de laquelle interviennent de multiples intervenants, en mettant l'accent sur les partenariats" relate l'étude.
Qui sont ces personnes,victimes de la traite?
Selon cette même étude ,la traite des personnes est un crime spécifique qui comporte trois éléments constitutifs : une prise de contrôle de la personne, qui peut consister dans le recrutement , le transport, l'hébergement,l'accueil, l'utilisation de moyens contraignants comme la menace,le recours à la force , l'enlèvement, la fraude ,l'abus d'autorité et enfin un but d'exploitation qui peut être une exploitation sexuelle, un travail ou services forcés ,l'esclavage , le prélèvement d'organes. 
Au Maroc,13 types de traite humaine ont été identifiés par cette recherche comme étant les plus répandues . 
Des femmes migrantes affectées par la traite à but sexuel et l'exploitation au travail. La plupart des ces femmes viennent du Nigeria,du Cameroun et du Mali, fuyant guerre,violences et pauvreté mais aussi des femmes arrivant des Philippines . Les premières étant exploitées sexuellement ,les deuxièmes subissant l'exploitation au travail.
Les enfants nés de mères migrantes qui sont exploités dans la mendicité.
Les femmes marocaines victimes de traite transnationale à but sexuel ou d'exploitation au travail ,généralement on les retrouve dans les pays du Golfe.
Les femmes marocaines qui sont exploitées sexuellement au Maroc. Ces dernières sont forcées par la familles,par le mari ou par des intermédiaires.
Les enfants marocains exploités par le travail forcé, le travail domestique, la mendicité ou l'exploitation sexuelle ( les petites bonnes, les garçons exploités dans l'artisanat et l'agriculture, enfants loués pour exercer la mendicité).
L'exploitation des mineurs marocains par des réseaux de terrorisme. Un phénomène nouveau dans notre société auquel il faut prêter attention.
 Le mariage forcé des mineurs qui vient s'ajouter à cette panoplie de traite humaine mais qui constituerait un cas limite s'il n'est pas autorisé par le juge.
Que faire alors pour faire face à ce fléau?
Entamer des actions efficaces de lutte contre toutes les différentes formes de la traite des personnes, en particulier  des femmes et des enfants au Maroc, adopter les réponses pour faire face à ce crime qui s'attaque aux plus vulnérables,mettre en place un cadre juridique approprié ,assurer un arsenal juridique national spécifique à la traite des personnes,renforcer les capacités d'accueil,ouverture d'autres établissements de protection sociales et de prise en charge des victimes ont fait l'objet de tout un chapitre de recommandations. Au total 38 recommandations sont proposées et reparties entre recommandations générales, recommandations législatives, recommandations sur la prévention de la traite,recommandations sur la protection des victimes et enfin recommandations pour la répression du phénomène et sur le partenariat.
Dans l'impossibilité de les citer toutes, il faut retenir que devant la gravité de ce crime, l'engagement constant de l'Etat marocain,le ministère de la Justice et des Libertés en particulier,  des institutions publiques,des associations de défense des droits de l'hommes et de toutes les composantes de la société est un réel progrès dans la répression de ce phénomène. Des grandes actions de prévention ,des campagnes de sensibilisation et d'information bien ciblées,la création des cellules de veille, l'organisation des sessions de formations par les agences des Nations-Unies, la collaboration avec les départements ministériels, les ambassades et les consulats , le personnel des forces de l'ordre et des tribunaux , la mobilisation ,l'implication et la formation des journalistes  et de tous les professionnels des médias sont à doubler d'efforts pour agir contre cette pratique néfaste. 

Ce rapport d'une centaine de pages,basé sur des faits et des cas réels,nous rappelle que malheureusement la lutte contre l'esclavage moderne est un combat de longue haleine et que pour le gagner il faut agir vite, frapper fort ,s'engager constamment pour les victimes qui sont privées de leur liberté ,un des droit le plus fondamental et qui constitue une atteinte grave à la dignité de la personne .

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