Publié chez Les Editions Babel Com,
"La conférence des oiseaux expulsés " de Hachemi Salhi, est consacré à l’expulsion
collective des Marocains d’Algérie en 1975. Ce récit, exposé sous la forme
d’un conte-poème original relate la douleur d’une catastrophe
historico-politique et ouvre le débat, "sans rancune, ni tabou," sur
cette tragédie humaine du vingtième siècle finissant. Si le devoir de
mémoire est irrécusable, Il est vital à l’apaisement des souffrances
individuelles, familiales, collectives et à la réconciliation.
Par cette oeuvre militante littéraire, Hachemi Salhi
se veut un devoir de mémoire, vis à vis des familles, des parents, des ayants
droits, et de la descendance. Lors de la présentation de son livre-récit à la
librairie Kalila wa Dimna à Rabat, devant une salle comble, il y a eu beaucoup
d’émotions, des larmes. De la colère et de la tristesse étaient là et pour
apaiser l’ambiance Hachemi citera Mahmoud Darwich "Il est plus
que le temps de refermer les cicatrices de la douleur individuelle et
collective, d arrêter d épaissir le déni dans « la présente
absence » de nos êtres exilés, refugiés et de nos maisons
abandonnées »
« Dans ce livre-récit je me suis inscrit dans le
devoir de mémoire, aux générations futures. C’est un livre contre l’oubli,
un livre pour le droit moral. Il est le porte silence de mes parents, de ce
peuple à douleur, c’est une demande de réparations légitimes mais c est
beaucoup plus une demande à ouvrir un débat sans rancune,
ni rancœur »continuera Hachemi dans un ton très ému.
Ces expulsions tragiques, qui se sont déroulées un
18 décembre 1975, un jour sacré, le jour du sacrifice, ont été organisées
par les autorités algériennes avec une grande brutalité. Elles ont
concernées des dizaines de milliers de marocains vivant
en Algérie depuis des générations, des hommes et des femmes, des
enfants et des personnes âgées .Hachemi insistera sur le fait que son
récit n’est pas un règlement de compte mais cherche à ouvrir, sereinement, sans
rancune, ni tabou, le débat sur un exode, un déchirement "il
s agit de graver et ciseler les maux à travers les mots ».
L’enfant âgé de 1975
Né à Oran, ce voyage gratuit au bout de la nuit "Le
petit oranais marocain" ne le vivra pas puisque en 1972 Hachemi a
élu domicile au nord de la France en s’installant à Lille qu’il ne quittera
jamais. Né a Oran, Hachemi Salhi est sociologue, statisticien, il travaille à
Lille et vit à Villeneuve d’Ascq. Ancien membre du Conseil Economique
Social et Environnemental Régional du Nord-Pas de Calais, il a présidé la
Fédération Laïque des Conseils de Parents d’Elèves d’Ascq. Hachemi
est aussi ancien membre du Conseil Economique Social et Environnemental
Régional du Nord-Pas de Calais, il a présidé la Fédération Laïque des Conseils
de Parents d’Elèves du Nord.
Pour
exprimer cette tragédie humanitaire, l’auteur a choisi une forme qui mêle
le récit au poème, empruntée à la littérature japonaise, le
« conte-poème ». "Le titre de l’ouvrage se réfère au célèbre
recueil persan de Farid Al-Din Attar (1177). C’est donc à travers une forme
sereine, « sans rancune ni tabou », que j’exprime une tragédie qui
trouve une résonance dans l’actualité»terminera la présentation de son ouvrage.
Les très belles
illustrations qui accompagnent ce livre, sont de Aziza Filali, qui est une
ancienne élève de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée
et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
L’enfant expulsé dit au palmier-dattier :
« Déploie ton ombre sur l’ombre de
ma maison qui saigne et déborde l’exequatur. Je crains que son désarroi ne
quitte l’hospitalité de ma nostalgie et l’âme de mes jouets brisés.»
Le vieillard expulsé dit à l’hirondelle
du printemps : « Retiens mon âme lorsqu’elle voudra partir en voyage
de noces, elle se trompe souvent de saison d’amour. »
La jeune fille expulsée dit à la rose de
l’églantier : « Garde mon hymen recousu jusqu’à la fin des tempêtes.
La mer et l’océan, mes amants nocturnes rentreront tard ce soir. A moins qu’ils
craignent encore une fois le sang de mes menstrues où logent l’improbable et le
divin. »
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