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dimanche 20 mars 2016

Paroles de filles:Ensemble contre le mariage d'enfants


"Paroles de filles:Ensemble contre le mariage d'enfants" est une exposition de photographies proposée par l'Ambassade du Canada au Maroc dans le cadre de la fête de la Francophonie, célébrée en grande pompe à Rabat du 11 au 31 mars 2016. Parce que le mariage d'enfants demeure une menace réelle et actuelle pour les droits de l'Enfant dans plusieurs régions à travers le monde.Ce phénomène néfaste nécessite une mobilisation de toutes et de tous, une mise en oeuvre des lois et des politique adéquates,la promotion de l'éducation à l'égalité entre les deux sexes et la sensibilisation auprès des communautés pour la lutte contre toutes les formes de discrimination.
 Quelque soit l’appellation,mariage d’enfants,mariage des mineures,mariage précoce ou mariage forcé, le résultat est le même. Le mariage des enfants prive les filles de leurs droits, de leurs choix et de leur capacité à participer à la vie de leur communauté.

Cette exposition "Paroles de filles"rapporte les histoires passées sous silence des filles confrontées au risque du mariage d'enfants et qui cherchent à faire valoir leur droits.Elle rapporte aussi les histoires des membres de leurs communautés et des partenaires qui plaident à leurs côtés pour le changement.Ensemble nous pouvons mettre fin à cette pratique néfaste.

Laila Rhiwi, Représentante du Bureau multi-pays de l'ONU-Femmes pour le Maghreb, invitée au vernissage de l 'exposition "Paroles de filles" nous a aimablement accordé un entretien concernant ce phénomène d'envergure mondiale.

1- Quel est l’état actuel du mariage des enfants dans le monde ?
Mme Laila Rhiwi ONU-Femmes
Photo@Ambassade du Canada Maroc
Selon les données compilées des agences onusiennes à travers le monde en 2013, ce sont plus de 700 millions de femmes qui ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Parmi ces femmes, plus du tiers, ou près de 250 millions, ont été mariées avant l’âge de 15 ans. Les mariages de mineurs continuent d’être pratiqués sous différentes formes dans de nombreux pays à travers le monde, et cette pratique est aggravée par la vulnérabilité socio-économique et les situations de conflits.

Et au Maroc ?
Au Maroc, selon les données du Ministère de la Justice et des Libertés, le mariage des mineurs a connu une hausse depuis entre 2004 année de promulgation du code de la famille et 2014, plus de 102.000 filles mineures ont été mariées, avec notamment plus de 35.000 cas ayant été recensés en 2013. Durant cette décennie, la part des mariages en dessous de l’âge légal a presque doublé, passant de 7% en 2004 à près de 12% en 2013. Cci signifie que chaque année au Maroc, 30.000 filles mineures sont mariées, soit environ 10% des mariages enregistrés annuellement. 
 Comme vous le savez, le Code de la Famille fixe l’âge légal du mariage à 18 ans. Cependant, en vertu de l’article 20 de ce code, le juge est habilité à autoriser le mariage des mineurs sous certaines conditions et à titre exceptionnel sans précision d’un seuil minimum pour la dérogation à l’âge légal. Ces autorisations, délivrées par les juges, constituent une entrave au droit des enfants à l’éducation et un défi pour les engagements du Maroc, conformément à l’article 28 de la Convention des droits de l’enfant qu’il a ratifiée. Par ailleurs, plusieurs rapports d’organisations féminines ont alerté quant à l’usage qui est fait de la disposition portant sur la période transitoire de recevabilité de l’action en reconnaissance de mariage (art. 16 du Code de la famille utilisée pour autoriser  des mariages.

2- Quel est l’impact du mariage d’enfants sur les filles?
Comme cela a été démontré par de multiples rapports, le mariage des filles avant 18 ans favorise les maternités prématurées et à répétition, et constitue un danger pour leur santé. Selon un rapport de l’UNICEF, la mortalité maternelle liée à la grossesse et à l’accouchement est une cause importante de la mortalité chez les filles âgées de 15 à 19 ans à travers le monde, et est responsable de 70 000 décès chaque année. Si une mère est âgée de moins de 18 ans, le risque que son nourrisson meure dans sa première année de vie est de 60% supérieur à celui d'un nourrisson né d'une mère ayant plus de 19 ans.

3- Comment le Maroc et ONU-Femmes agissent-ils contre ce phénomène ?
 Face à ce constat, il est plus que nécessaire d’agir sur deux volets : accélérer la réforme et la mise en œuvre des lois conformément à la Constitution de 2011, et promouvoir l’éducation à l’égalité entre les deux sexes à travers des actions de sensibilisation auprès des communautés pour la lutte contre toutes les formes de discrimination.
Au Maroc, ONU Femmes appuie, depuis quelques années, la Fondation Ytto dans l’organisation de caravanes de sensibilisation et de plaidoyer contre le mariage des mineurs et les mariages forcés. A titre d’exemple, la caravane menée en 2015 par YTTO à Zagora et Tinghir (17ème Edition) a permis de toucher 40 douars et de sensibiliser plus de 67,000 personnes à cette problématique, notamment à travers des actions de sensibilisation, de formations, et des consultations juridiques et médicales, menées auprès des communautés.

4-Le mariage des enfants entrave-t-il à la réalisation des ODD ?
 Les nouveaux Objectifs de Développement Durable, adoptées en Septembre 2015, comprennent un objectif spécifique pour atteindre l'égalité des sexes, qui vise à mettre fin à la discrimination et la violence contre les femmes et les filles et d'assurer une participation égale et des chances dans tous les domaines de la vie. C’est dans ce contexte que l’élimination du mariage des enfants a été identifiée comme objectif clé pour faire progresser l’égalité des sexes.
L’Objectif 5 et ses sous-objectifs nous offre un cadre pour: mettre fin à toutes les formes de discrimination, y compris la lutte contre les lois discriminatoires; éliminer toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris les pratiques néfastes comme le mariage des enfants.
Le mariage d’enfants est une violation des droits humains qui prive les jeunes filles de leur droit d’accès à la santé, à l’école, à l’éducation, et au savoir. Alors qu'elles ont le potentiel de devenir des leaders et d’amener des changements, leur autonomisation est entravée par des facteurs tels que les grossesses non désirées, la violence fondée sur le genre et l'accès limité à l'enseignement supérieur et aux services sanitaires. Nous devons donc, œuvrer tous ensemble, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des ODD, pour garantir à ces jeunes filles, tout au long de leur cheminement vers l’âge adulte, les opportunités d’épanouissement qui leur sont dues.  




Voir aussi mon autre blog:
L'Observatoire des chibAnis&chibAnyates
http://nonjenesuispasdansloubli.blogspot.com/

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