Comment étaient vos relations avec votre père quand vous étiez enfant ?
Que vous a-t-il transmis ?
J’ai vécu au sein d’une famille conservatrice. J’ai eu une enfance heureuse, ordinaire.
J’étais le deuxième d’une fratrie de quatre enfants et très gâté par mon père, peut être
parce que j’étais le premier garçon. Mon grand père aussi m’adorait et c’est lui qui
m’a donné le prénom de Abdelhak.Mon père m’a inscrit très tôt à l’école coranique
et j’ai appris facilement le Coran sur une tablette comme tous les enfants de mon quartier.
J’ai reçu une éducation très stricte et mon père ne m’a jamais permis de jouer dehors.
Je n’avais pas d’amis. Ensuite ce furent les études au lycée Moulay Youssef à Rabat,
une autre étape importante dans ma vie. Là aussi mon père contrôlait tout, mes amis
étaient choisis...
Mon parcours au Lycée Moulay Youssef m’a beaucoup marqué, puisque c’était au cours
des années 50, le protectorat, le nationalisme, l’exil de S.M Mohammed V, son retour, puis après l’indépendance.
Mon père m’a transmis l’assiduité, le sérieux, la ponctualité, le goût de la lecture,
la persévérance et la rigueur du travail et bien sûr l’amour du pays
et le dévouement.
Quels sont les souvenirs les plus marquants de votre enfance ?
En fait, j’en ai plusieurs mais je garde en mémoire le souvenir de mon premier jour de jeûne
et c’était mon grand père qui m’avait initié à le faire. Je me rappelle qu’il ne m’a pas quitté
de la journée que nous avons passée ensemble dans la mosquée, puis à l’heure de la rupture
du jeûne, sa joie ajoutée à la mienne pour avoir accompli cette mission.
Oui c’était formidable.
Il y a aussi le souvenir du jour de ma circoncision. J’étais encore un enfant
mais un peu âgé pour l’événement qui s’est passé dans notre maison Dar La Mrini.
Je me rappelle de toute l’opération faite par le Hejjam du quartier, des festivités
qui ont accompagnées la cérémonie et j’en ai souffert d’ailleurs ce jour là.
Avez-vous transmis à vos enfants la même éducation que celle que vous avez reçue
de vos parents ? Et quelles sont les valeurs que vous leur avez transmises ?
J’ai essayé de transmettre ce que j’ai reçu de mes parents comme éducation valorisante,
telles la rigueur au travail, l’honnêteté, l’amour de la patrie, l’histoire du pays, le patriotisme,
être respectueux envers les autres. Je contrôlais bien évidemment leurs fréquentations,
pas beaucoup de sorties, beaucoup de rigueur et de sérieux dans les études.
Plus tard, quand ils ont grandi et sont devenus responsables, je les ai laissé faire
leurs choix dans leurs études comme dans leur vie de couple. Je n’intervenais que
orsqu’ ils me le demandaient ou avaient besoin mes conseils. Je voulais qu’ils tracent
leur propre chemin et leur propre parcours par eux mêmes, comme j’ai fait le mien tout seul
et sans l’aide de personne.
Quel père étiez-vous ? Et quel grand-père êtes-vous aujourd’hui ?
Un père très attentionné et compréhensif, attentif à leur éducation. Dur parfois mais
souple quand il le fallait. Je les ai responsabilisés, un peu trop tôt peut-être, mais tout en
les accompagnant. Pas toujours présent vu mes fonctions de grandes responsabilités
mais j’ai toujours essayé de me rattraper, une fois avec eux. Il y a aussi le rôle qu’a
joué leur mère et qui était très important. En tant qu’éducatrice de formation et de fonction,
elle était toujours là pour eux quand je devais m’absenter, elle comblait le vide que je laissais et accomplissait convenablement sa tâche comme chef du foyer et maîtresse de maison malgré ses occupations dans le domaine éducatif et social.
Maintenant, on est presque tout le temps ensemble, quant à mes petits - enfants
je les adore. Je m’entends à merveille avec eux, leur présence dans ma vie me comble.
Je ressens une joie indescriptible quand ils sont à mes côtés.
Qui est Abdelhak El Merini au quotidien, en dehors de toutes
vos préoccupations professionnelles?
Un homme tout à fait ordinaire, simple et modeste. Mes hautes fonctions ne m’ont
jamais changé. Je suis toujours Abdelhak qui rend visite à ses anciens amis.
Je fais moi-même mes courses, j’adore d’ailleurs toujours les faire. Il arrive aussi
que des passants m’abordent et on discute. Je fais ma marche quotidienne, souvent
seul et c’est le moment le plus agréable pour moi.
Je suis matinal et la première des choses que je fais, c’est de m’informer, soit par le biais
des journaux ou de la radio. Je lis beaucoup, j’écris quand l’envie me vient. Je programme
parfois des émissions à la télévision que je regarde, je fais des travaux dans la maison…
Je vais aussi à des rencontres artistiques, littéraires, à des signatures d’ouvrages,
ou à des vernissages…
Qu’aimez-vous faire le plus en famille ?
J’aime beaucoup être en famille. J’essaye de profiter de leur présence, et encore
plus de mes petits-enfants. Je m’intéresse à ce qu’ils apprennent à l’école, je me mêle
de leur éducation, je les suis de près.
Mes enfants m’invitent souvent, avec leur mère, chez eux et souvent
on discute devant un vert de thé de différents sujets d’actualité. Et s’il y a des problèmes familiaux,
nous les résolvons ensemble et nous sommes toujours ensemble pour célébrer
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