L'Arab Women's Legal network,dit "Stop"au mariage des mineuresEncore une fois, le mariage des mineures fait parler de lui. En dix ans,jour pour jour, depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code de la Famille, en 2004,les articles 20 et 21,accordant au juge de la famille la possibilité d’autoriser, exceptionnellement, le mariage avant l’âge légal,continuent à faire couler beaucoup d'encre et à faire l'objet d'innombrables débats,souvent très abstraits.Sans lâcher prise,les associations de la société civile et les défenseurs des droits des enfants et de la petite fille au Maroc ,veillent et continuent leur combat.
L'Arab Women's Legal network,( Morocco ) ,traduit littéralement par le Réseau juridique des femmes Arabes Maroc RJFA a certainement plus d'une raison de s'inquiéter de l'âge du mariage des mineures et de la situation des petites filles.Le réseau a également tout à fait raison d'avoir intitulé la rencontre du vendredi 5 février par "Mariage des mineures" précisément "تزويج الطفلات ". Organisée dans la ville de Casablanca,cette rencontre a réuni un parterre de juristes, de magistrats,représentants des ONG et de la société civile,défenseurs des droits des enfants.Soucieux de l'ampleur de ce phénomène et malgré le fait que l’âge minimum pour le mariage soit fixé à 18 ans et que les exceptions soient soumises à l’autorisation du juge de la famille, "le phénomène du mariage des mineures est toujours une réalité au Maroc. Il continue de prendre de l’ampleur, et d’engendrer des dégâts sociaux irrémédiables" tient à nous transmettre Nouzha Alaoui, récemment élue présidente du Réseau juridique des femmes arabes. Et de poursuivre "alors que nous commençons l'année 2015,le réseau a tenu absolument à commencer ses activités par la programmation ce sujet,le mariage des mineures ,vu l'importance et la gravité de ce phénomène"."Le gouvernement a beau amendé et modifier les textes de loi relatifs au mariage des mineurs,nous,les acteurs de la société civile nous demeurons unanimes et rejetons catégoriquement cette pratique" tient -elle à préciser .L'ampleur du phénomène!Hélas,plutôt désolants les propos retenus de l'intervention du juge de la famille,invité par le réseau à exposer son expérience sur le mariage des mineures . Il faut le dire que la mission du juge de la famille n'est pas de tout aise. le juge est exposé quotidiennement à des cas de mariages où il doit trancher, immédiatement et partiellement mais sans transgresser les lois.Souvent tiraillé entre les textes et la réalité du moment, le juge est contraint à trouver un terrain d'entente en trouvant une solution engendrant les moindres dégâts pour les deux parties. Une solution qui souvent est adoptée au détriment de la jeune fille .Malheureusement ces "petits arrangements"n'ont pas aidé à la protection de la petite fille,et n'ont pas empêché la prolifération de ces mariages.Pour les militants des droits des femmes et les représentantes de la société civile qui ont animé ce débat,rien ne peut tolérer le mariage des mineures sur la base d’un ensemble de justifications et d’arguments mal conçus.Pauvreté,analphabétisme,coutumes et traditions, ignorance de la loi,protection de l'honneur de la famille, échapper à la justice ( en cas de viol ) ne sont plus acceptables de nos jours." Rien ne justifie le mariage des filles de moins de 18 ans ,puisque la loi est claire " selon une militante des droits des femmes." moins de 18 ans, le mariage ne doit absolument pas être scellé”. En effet l’article 19 de la Moudawana prévoit, que « la capacité matrimoniale s’acquiert, pour le garçon et la fille jouissant de leurs facultés mentales, à dix-huit ans grégoriens révolus ».Le mariage par contratCette même militante n'a pas manqué de révéler à l'ensemble des personnes présentes à l'auditoire,cette pratique honteuse et scandaleuse des mariages dits " mariage par contrat". Cette nouvelle trouvaille s'est déclarée récemment dans un petit patelin situé du côté de la ville d'El kalaa des Sraghnas . Le principe du mariage par contrat est simple: un père accepte de marier sa fille mineure en moyennant une somme d'argent versée par le prétendant,remboursable une fois que le mari ou la famille du mari ne désirent plus de sa fille.Si cette nouvelle tendance" mariage par contrat" échappe largement aux statistiques officielles, les chiffres révélés par le ministre de la justice sur le mariage des adolescentes sont révélateurs et très inquiétants. Ainsi,le nombre de filles mariées avant 18 ans est passé de 18.341 cas en 2004 à 35.152 en 2013 soit 12% de l’ensemble des mariages.Chiffres toujours à l'appui,47.000 demandes de mariages ont été déposées en 2012 dont 53% en milieu rural et 47% en milieu urbain,39.000 actes de ces mariages ont été conclus. Plus de 90% des demandes de mariages précoces ont été acceptés et 8% seulement rejetées. Des chiffres dont on ne peut ni s'enorgueillir ni tirer aucune fierté nationale.L'aspect biologique de la question n'a pas été omis. La jeune médecin, invitée par les organisateurs a mis l’accent sur les effets dévastateurs de tels mariages sur les filles mineures." Ce genre de mariage est une réelle menace pour l'évolution physique,psychologique et émotive des petites filles . Souvent il laisse de profondes lésions et séquelles que la petite fille risque de garder à long terme.Sans parler de tous les dangers que cette union peut engendrer comme les grossesses à risque,l'accouchement prématuré,la mortinatalité,avec un risque élevé aux maladies sexuellement transmissibles le HIV/SIDA,infections urinaires entre autres" nous renseigna-t-elle.Même son de cloche chez le psychologue qui a souligné "que le mariage des mineurs a des effets négatifs sur le psychique de la fille. N'étant pas préparée à l'union,la nuit de noces, est souvent vécue par la mineure comme un viol". Il n'a pas omis de rappeler que "avant l'âge de 18 ans, la jeune fille est toujours considérée comme une enfant qu'elle soit pubère ne fait pas d’elle une adulte mature».Le mariage des mineures doit cesser!Les associations de la société civiles sont catégoriques. Le mariage des mineures doit cesser, aujourd'hui et pas demain. Les chiffres détaillés,le drame vécu par des filles ayant été contraintes par leur parents à se marier par contrat,les explications du médecin et du psychologue,n'ont laissé personne différent.Selon les militantes des droits des femmes présentes à cette table ronde,"la loi doit statuer définitivement sur l'âge légal du mariage qui est 18 ans révolus ,pas une année de moins"Actuellement, l’article 20 de la Moudawana, le code de la famille,permet au juge de la famille chargé du mariage ,d'autoriser exceptionnellement,le mariage de la fille avant l’âge légal. C'est justement,cette exception,devenue la règle ,vu l'augmentation des unions des mineures,qui révolte l'ensemble des associations de la société civile." le code de la famille actuel donne au juge le pouvoir d’appréciation. Ce pouvoir de dérogation doit être enlevé au juge en maintenant l’âge légal minimum à 18 ans" martèle une autre militante des droits des femmes. De cette rencontre un appel est lancé au gouvernement comme aux responsables"à faire le meilleur investissement possible pour l'avenir des nos enfants,filles et garçons ; à mettre fin au mariage des mineures; à la protection des droits des filles; à l'application de la loi; au soutien des filles pour qu'elles aillent à l'école; à décourager toute famille ou toute personne qui procède à ce genre de pratique".L'article 16 du code de la famille relatif à l'authentification du mariage n'a pas échappé au débat de la rencontre de ce vendredi .Pour les militantes de la société civile, la proposition deloi soumise au Parlement,qui vise à prolonger ,la période transitoire prévue par l'article et qui a pris fin en février 2014 est un détournement pure et simple de la loi. L'exploitation de cet article va augmenter le mariage des mineures et va pousser à la polygamie.Une fois de plus ,le réseau juridique des femmes arabes se joint à l'ensemble des association de défense de la petites fille et des droits des femmes pour dire Non au mariages des mineures. Une série de recommandations et de propositions ont été émises en fin de la rencontre,en insistant notamment sur la mobilisation de tous et de toutes les forces vives de la société et en particulier les parents des jeunes mineures qui doivent être informés et sensibilisés à leurs droits et à abandonner cette pratique . Aux côtés de la société civile,les médias tout genre confondu, surtout les radios de proximité,endossent une grande responsabilité citoyenne et humaine. Désormais tout journaliste est concerné par ce point et doit s'engager à informer,sensibiliser, prévenir et plaider pour que cesse cette union dite "mariage des enfants".
Le Réseau juridique des femmes arabes est composé de plus de 100 femmes de 15 pays.Cette association rassemble des femmes de toute la région dans un réseau d'avocats, de juges et d'autres professionnels du droit. Sa mission: l'échange d'expertise et d'information, la promotion des femmes en tant que décideurs, de dispenser une formation de perfectionnement professionnel et de mentorat, et contribuer à assurer l'égalité des droits des femmes dans le cadre de la loi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire