CCME: les marocaines d'ici et d'ailleurs

Rencontre avec "Les Marocaines du Golfe":

       Engagées et citoyennes

                      

La quatrième rencontre " Marocaines d'ici et d'ailleurs" qui s'est tenue  à Abu Dhabi , a clos la série des rencontres régionales programmées par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).Placée sous le thème " Engagées et citoyennes" cette rencontre s'est vue un espace de réflexion,d'échange et de partage entre les dizaines de Marocaines,venues des pays du golfe et de leurs concitoyennes du Maroc.

"C’était la dernière étape d'un parcours à la fois passionnant,fascinant et intriguant qui nous a fait découvrir qui nous sommes en tant que femmes marocaines du monde , en quoi nous croyons, et combien divers et variés sont nos intérêts en fonction de notre situation géographique", a déclaré Mme Souad Talsi , membre du CCME et présidente de travail “Approche genre et nouvelles générations”.

Compte tenu du rôle de plus en plus important des femmes dans l’immigration marocaine et face aux problématiques qui leur sont spécifiques,ce groupe de travail a vu le jour en 2008 à Marrakech.Il s’est consacré à visibiliser les femmes marocaines du monde dans des parcours réussis, le plus souvent brillamment pour certaines d’entre elles. Des parcours qui méritent d’être valorisé pour témoigner de la place qu’elles ont su se faire dans le pays de réside.

Les principales difficultés  rencontrées par les MIA  a travers les cinq continents tournent autour de la problématique de la migration féminine marocaine, le problème du vieillissement en immigration,les jeunes mineurs migrants non accompagnés,les travailleuses saisonnières, la précarité des femmes migrantes dans les pays arabes et africains et kafala et statut personnel.

Selon Souad Talsi, des solutions à ces difficultés suggérées sont claires, précises et réalisables. Il appartient maintenant au Parlement d’en tenir compte et de les mettre en place.

"Le Maroc ne doit pas oublier que ces femmes font partie de la société dans son ensemble. elles revêtent une grande importante et doivent être écoutées. A chaque rencontre programmées , elles ne cessent de revendiquer leur identité et l attachement a leur pays" tient -elle-a préciser.

Quant a la loi proposée qui interdit aux MRE de prendre en Kafala à l'étranger un enfant marocain , de son avis,"cette loi ,est clairement discriminatoire et illégale "."Le MRE ne demande ici qu’a être traité sur le même pied d’égalité que tout marocain vivant au sein du Royaume". L'autre question pertinente et qui fait mal,est la prise en charge des personnes âgées.Mme Talsi nous déclare sans ambages

" Comment le Maroc peut-il concilier la nécessité de maintenir les transferts de fonds et les transferts de compétences des jeunes générations nées à l’étranger, si les personnes âgées ,leurs parents et grand-parents en l'occurence ne constituent pas une priorité ? " "le CCME disposent de propositions concrètes et applicables à ce sujet si la volonté politique et le soutien financier des principales banques marocaines, dont la rentabilité dépend en grande partie des transferts MRE, sont présents."

Marocaine et fière de l'être.

Pour ces journées culturelles de Abu Dhabi,elle étaient nombreuses a prendre part a cette manifestation.Venues en premier lieu du pays organisateur les Émirats ainsi que de plusieurs pays voisins,nous avons rencontré des femmes fortes,travailleuses,humbles et respectables. Abdellah Bouffous, Secrétaire générale du CCME,dans son mot de bienvenue, a tenu a le rappeler" Vous êtes les meilleures ambassadrices du Maroc.Vous êtes la fierté de votre pays et nous sommes fiers de Vous".

Selon les chiffres officiels,la communauté marocaine installées aux EAU dépasse les 30.000 personnes,avec un taux de féminisation de 35 %.

Effectivement depuis plusieurs années, les EAU sont devenus le pays privilégié pour nos jeunes femmes.Bon nombre d'entre elles sont venues s'y installer soit dans le cadre d un contrat de travail ,ou dans le cadre du groupement familiale

"A côté du projet d’immigration classique, on voit émerger un nouveau phénomène qui est celui de la mobilité entre pays d’accueil" précise la note argumentaire fournit par les organisateurs de cet événement culturel. "Nous assistons aussi à des phénomènes de mobilité où des femmes d’origine marocaine mais ayant des passeports français, britanniques, américains trouvent, comme les hommes, dans les pays du Golfe des opportunités professionnelles exceptionnelles correspondant à leurs diplômes et les réconciliant d’une certaine manière avec leur identité musulmane."

Vêtue de l'habit locale, une abaya noire, Karima Brahimi, est venue de Oum-al-Qaïwaïn, un émirat situé à 200km de la capitale." C'est par l'intermédiaire de Wrida,notre site communautaire que j'ai pris connaissance de l'organisation de ces journées marocaines. Une occasion pour moi et pour les autres femmes de la communauté,de venir rencontrer nos concitoyennes,qui ont fait ce voyage spécialement pour nous,échanger avec elles et demander des nouvelles du pays que je n ai pas vu depuis une année."

Lancé il y a quelques années ,ce groupe "Wrida" compte plus de 700 femmes installées dans les pays du Golfe.Une plateforme virtuelle de services et un meilleur moyen d'échanger entre elles au sein du pays d'accueil ou plus largement avec les autres membres installés dans toute la region.

"C'est passionnant de communiquer avec des marocaines implantées aux quatre coins des Emirats et un peu partout,d'échanger sur nos propres expériences, de partager nos joies,nos peines"me déclare avec nostalgie Oum Batoul ,une jeune maman,qui est venue récemment rejoindre son mari à Dubai.

Lors de cette rencontre, plusieurs femmes marocaines résidants aux EAU ont eu la parole. Elles ont pu raconter fièrement, leurs histoires de réussite dans plusieurs domaines, comme avocates,médecins,ingénieurs,journalistes, financières, juges,professeurs.Le témoignage vibrant de la jeune Sara Bakhti,haut de ses 23 ans,native de Abu Dhabi, ingénieur en pétrochimie et fraichement embauchée dans une compagnie de pétrole, a laissé un impact très positif sur l'image de la femme marocaine autre que celle,négative et déformée.

Éliminer les stéréotypes : mission possible !

Critiquée ,vilipendée, accusée de tous maux,telle est l image attribuée aux femmes marocaines vivant dans les pays du Golfe. Un autre sujet qui a été largement discuté durant cette journée d échanges.

Si pour les organisateurs de ces journées culturelles marocaines,c'est une réalité ,elle ne concerne que quelques cas isolés, néanmoins ,elle ne laisse personne indifférent.

Comment mettre fin aux stéréotypes ? Comment faire disparaitre ces clichés qui ternissent l'image de la femme marocaine? 

Pour plusieurs, la réponse réside dans l’éducation,l'information et la sensibilisation. Ainsi  pour Abdellah  Boussouf ,SG du conseil "Parmi les objectifs de cette journée est de dissiper " l'image négative " sur la femme marocaine"."ces femmes doivent être considérées comme des victimes et doivent être aidées pour être réhabilitées dans leur dignité et retrouver la place qu’elles méritent"

D’aucuns soulignent que les acteurs gouvernementaux et les médias doivent eux aussi faire leur part de travail .Pour sa part ,Souad Talsi,n'a pas omis de dénoncer certains médias qui perpétuent les clichés ."les médias doivent cesser de rapporter tout ce qui dégrade  la femme mais doivent se pencher sur les cas de femmes qui ont réussis dans plusieurs secteurs"

 Elle a saisi cette occasion et a adressé un appel aux femmes vivant dans les pays du Golfe, les incitant à participer activement à la construction et au développement de ces pays en s’intégrant complètement dans leurs sociétés adoptives.